Mystérieuse auteure
Une silhouette plongée dans l’ombre pour seule image, une biographie plus que lapidaire… tout ce qui entoure Elly Conway, à l’origine du roman d’espionnage Argylle, semble nimbé de mystère. Mais qui est donc celle dont le manuscrit a réussi à capter l’attention du réalisateur Matthew Vaughn (Kick Ass, Kingsman…) qui a décidé de l’adapter avant même sa publication ? Une question qui a mis en émoi le tout Hollywood. Pendant un temps, il se disait même que Taylor Swift, célébrissime star de la pop, en était la créatrice ! Des journalistes fort zélés sont allés jusqu’à contacter les personnes citées en remerciements du roman pour glaner quelques informations sur la mystérieuse auteure. Malgré toutes ces suppositions, le mystère reste entier, et ce ne sont pas les quelques clichés postés sur les réseaux sociaux de l’auteure, ni les refus d’entretiens systématiquement opposés par son éditeur qui les dissiperont !
Poupées russes
Le rêve de Matthew Vaughn : imaginer une histoire dans laquelle un personnage apparaitrait à son auteur lui révélant que tout ce qu’il pensait n’être que fiction est en fait réalité. En découvrant le manuscrit d’Elly Conway, le réalisateur a pressenti que se trouvait là le terreau idéal pour réaliser son ambition de métafiction. De son cerveau un rien déjanté est ainsi née l’idée du film, qui n’est pas une adaptation du livre ici publié, mais celle du tome 4 de la série… qui n’est pas encore écrit ! Dans son film, le réalisateur a choisi de faire d’Elly Conway son héroïne. Elle est y dépeinte comme l’auteure à succès des 4 tomes de la série d’espionnage Argylle mais qui peine à boucler le tome 5. Le film montre donc une romancière en pleine création et qui, à mesure qu’elle avance dans la rédaction de leurs aventures, voit apparaître sous ses yeux tous ses personnages… ce qui crée quelques scènes savoureuses où la fiction se mêle à la réalité. Alors qu’elle cherche désespérément l’inspiration, voilà notre auteure qui apprend par le truchement d’un véritable espion un brin débraillé, et donc aux antipodes du très idéalisé Argylle qu’elle avait imaginé, qu’elle est poursuivie par une agence de redoutables agents secrets. Pourquoi ? Parce que ses romans semblent prédire des événements géopolitiques majeurs dont chacun veut détenir la clé. De là s’ensuivent d’abracadabrantesques rebondissements, jusqu’à la très surprenante révélation de l’identité du véritable Agent Argylle... car oui, Elly Conway va découvrir que son personnage fétiche est peut-être bien plus qu’un simple héros de papier.
Divertir avant tout
Comme le prouve la scène post-générique du film (pas de panique, elle arrive très vite !), l’important reste la trame initiée dans le premier et, à ce jour, unique tome de la série. Le roman suit le parcours du jeune Aubrey Argylle, orphelin apatride et solitaire dont l’histoire familiale se révèle bien différente de ce qu’il imaginait et qu’un événement imprévu va transformer en héros malgré lui. « Quand tu as un choix à faire, opte pour celui qui te fait le plus peur ». Une maxime qui va pousser le jeune Aubrey dans les bras de la CIA, dont il devient une jeune recrue prometteuse, intégrant une équipe de choc qui parcourt le monde à la poursuite d’un terrifiant milliardaire russe dont l’ambition et la mégalomanie n’ont d’égale que la violence. Prenez des grands mythes historiques, des secrets enfouis, des agents doubles, des trésors de guerre volés, d’énigmatiques cartes stellaires aux codes cachés, des gadgets technologiques ; ajoutez des personnages attachants se débattant avec des histoires intimes complexes (mention spéciale à Coffey, discrète archiviste devenue toute puissante directrice des opérations spéciales de la CIA), et vous obtenez un roman d’espionnage dont les invraisemblables intrigues en font un authentique divertissement. Ou comment s’évader l’espace d’un instant !
Juliette Courtois