Au commencement…
Tout commence par une lecture partagée comme un secret, celle du Trésor maudit de Rennes-le-Château de Gérard de Sède. Éric Giacometti et Jacques Ravenne sont alors deux jeunes lycéens épris d’Histoire et fascinés par ses grands mystères. La citation de John Chadwick qu’ils mettront, des années plus tard, en exergue de leur premier roman, illustre bien le feu qui anime les deux jeunes hommes. « L’envie de pénétrer les secrets est profondément ancrée dans l’âme humaine, même le moins curieux des esprits s’enflamme à l’idée de détenir une information interdite à d’autres. » Des bancs du lycée, cette passion partagée du secret mènera les deux compères sur les traces du Trésor des Templiers. Une quête restée vaine mais qui forgea une solide amitié, et des talents d’enquêteurs pugnaces qu’ils mettront au service de leurs carrières respectives. Jacques Ravenne se spécialise dans la critique génétique - discipline qui s’attache à reconstituer la genèse d’une œuvre en s’appuyant sur une étude approfondie des brouillons et manuscrits - et se transforme ainsi en détective littéraire, enquêtant au cœur des œuvres pour en extraire la substantifique moelle. Éric Giacometti, lui, se lance dans une carrière de journaliste, investiguant sur certains des plus grands scandales médicaux et financiers de notre époque. Mais c’est une enquête en particulier qui va tout changer…
Naissance d’un duo
Éric Giacometti est, en effet, amené à se pencher sur les affaires de corruption éclaboussant la Côte d’Azur et dans nombre desquelles des Francs-Maçons sont impliqués. Or, il se trouve que Jacques Ravenne est lui-même franc-maçon, et ce dernier reproche à la presse de ne se faire l’écho que des dérives de la maçonnerie. De ce désaccord va naître l’idée du personnage d’Antoine Marcas, flic et franc-maçon. Cette conjugaison du regard extérieur du profane et de l’expérience de l’initié permet de brosser un portrait réaliste et sans concession de la Franc-Maçonnerie. Une dualité qui fait toute la richesse d’une écriture à la précision d’horlogerie suisse. Le genre de prédilection du duo ? Le polar historico-ésotérique mettant en scène les plus fascinants mystères de l’Histoire. Tout part d’un lieu, d’une thématique ou même d’une idée de scène. Les deux auteurs se lancent ensuite dans une phase de recherches. Dénicher documents d’époque et archives, se rendre sur les lieux pour s’imprégner de l’atmosphère, rien n’échappe à leurs regards d’enquêteurs chevronnés. Une fois toute cette documentation trouvée, il faut s’y confronter, la trier et, de là, construire un plan détaillé. Si le plan est en constante évolution, la fin, elle, est toujours connue d’avance. Une fois l’ossature définie, chacun se partage les lignes narratives, puis tous les trois ou quatre chapitres, les deux auteurs s’échangent leurs écrits pour opérer une phase de lissage qui permet de gommer les différences d’écriture et d’assurer une narration cohérente et harmonieuse. Une « fusion des cerveaux » qui prouve combien les deux hommes partagent une même érudition.
Divertissante érudition
Jacques Ravenne et Éric Giacometti sont d’authentiques érudits, mais ils sont aussi et surtout de merveilleux conteurs et de fervents défenseurs de l’imaginaire qui nous transporte hors de notre quotidien. De ces deux casquettes a priori antinomiques, les deux auteurs ont imaginé un univers fascinant qui vous divertit, mais qui « jamais ne vous fera prendre des vessies ésotériques pour des lanternes spirituelles ». Ainsi, leurs romans se terminent par des annexes dans lesquelles ils démêlent le vrai du faux et donnent les clés de la véritable Histoire. Éric Giacometti et Jacques Ravenne s’inscrivent dans la tradition anglo-saxonne du « divertissement sérieux » pensé d’abord et avant tout pour le lecteur. Leur écriture très visuelle engendre une lecture interactive. Leurs romans sont truffés de symboles et d’images. À vous de les trouver et de les déchiffrer. Une interactivité qu’ils ont poussée à son paroxysme dans le roman Marcas. En téléchargeant une application spécialement conçue pour le livre, le lecteur accède à des contenus inédits en réalité augmentée !
Une quête initiatique
Dans chaque roman, le lecteur est invité à s’interroger sur la nature des choses, dans une sorte de quête initiatique dans laquelle il se plonge d’autant plus volontiers, qu’il a pour guide deux personnages passionnants. D’un côté, Antoine Marcas, flic et franc-maçon, héros de la série Marcas, dont les aventures ne cessent de le mettre à l’épreuve, l’obligeant à changer son regard sur le monde qui l’entoure, et à reconnaître ses limites autant que celles de ses idéaux maçonniques. Cette confrontation au réel permet au personnage de gagner en épaisseur et au lecteur de s’identifier davantage. Cette trame contemporaine alterne constamment avec une trame historique qui aborde, elle, les grands mystères de l’Histoire. Un dialogue qui questionne par là-même « les effets d’échos réels ou fantasmés entre les époques. » De l’autre, Tristan Marcas, « mercenaire au service de l’art », qui n’a pour seul moteur que la passion de la quête, celle qui lui permet d’élucider les énigmes cachées derrière chaque œuvre. La série Soleil Noir, qui se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale, s’intéresse à l’authentique fascination pour l’ésotérisme que partageaient nombre de dirigeants nazis, au premier rang desquels le bien réel Himmler que le très fictionnel Tristan Marcas va croiser sur sa route. Sommé par les Allemands de retrouver des swastikas prétendument mythiques, travaillant en secret pour les Anglais, ‘’convoité’’ par d’autres puissances, et poussé par ses propres désirs, le personnage de Tristan Marcas est complexe et échappe ainsi à toute lecture trop simpliste ou manichéenne, comme un écho à cette période trouble de l’Histoire.
Deux héros qui partagent plus qu’une même soif d’aventure… mais pour découvrir la vraie nature du lien qui les unit, il vous faudra vous plonger sans plus tarder dans ces deux séries à succès !
Juliette Courtois