L'an dernier, j'ai écrit un mot sympa pour les deux ans du label. En le relisant, j'ai l'impression d'avoir tout dit au sujet de la nécessité d'ouvrir le monde littéraire à des nouvelles voix. Pourquoi le répéter ? Parce que La Grenade est un combat, la terre dynamitée d’une littérature en mouvement. Plus que jamais, il faut sortir de l'entre-soi, des mêmes histoires, mêmes références, mêmes réflexes. La semaine dernière, en regardant ma fille prononcer ces premiers mots, l'inquiétude s'est assise sur mon front. Est-ce qu'on la regardera comme on m'a regardé ? Comme certains, trop nombreux, me regardent encore et bien entendu comme ils regardent d'autres compatriotes ? Comme des sous-citoyens ? Des gens considérés comme sans histoire, qui ne mérite pas de raconter la leur et de participer au grand récit de la France et de la langue française ? Plus que jamais, il faut des écrivains de tous horizons, de tous âges pour enrichir le paysage littéraire, surtout pour que chacun se sente fier d'appartenir à ce pays, à son présent, son futur et son histoire. La Grenade a trois ans, fini l'enfance, maintenant les choses seront dites, suffisamment fort pour être entendu. Pour nous. Pour nos enfants. Et les enfants de leurs enfants. La Grenade est une littérature de combat.
Mahir Guven