Jeune chanteuse au succès fulgurant, Tessae se fait le témoin des souffrances d’une jeunesse qui se cherche. Dans son premier livre, Frôler les murs, elle revient sur sa scolarité troublée par la violence du harcèlement et de la phobie scolaire. Un témoignage poignant et nécessaire.
Chaque année, 700 000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire, dont la moitié de manière sévère. 55% de ces élèves sont touchés par la cyber-violence et, parmi ces élèves, les jeunes filles sont davantage exposées à une violence à caractère sexiste et sexuel. En parallèle, 2% des élèves développent une phobie scolaire, appelée aussi refus scolaire anxieux, une phobie paralysante qui associe école et danger. Ces chiffres glaçants témoignent d’une réalité dont a été victime Tessae. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais cette jeune chanteuse aux textes forts et engagés cumule les millions de vues sur les réseaux et les louanges du milieu musical. Une belle réussite qu’elle met au service « des anxieux, des angoissés, des timides, des fragiles » dont elle se fait la lumineuse porte-parole. Passionnée des mots qu’elle aime analyser et décortiquer pour mieux se les approprier, Tessae passe aujourd’hui de la chanson au livre.
Témoignage fort, Frôler les murs est un livre à l’écriture simple, directe et sincère. Tessae y dynamite tous les tabous, nous faisant revivre à ses côtés un engrenage où se côtoient l’angoisse, la honte, la lutte permanente contre soi-même, l’hyper-vigilance pour s’assurer de ne jamais faire de vague, l’incompréhension et le rejet. Un témoignage qui nous oblige à nous replonger dans notre propre histoire. Avons-nous aussi été victimes de harcèlement ? Avons-nous harcelé ou ignoré une violence qui se jouait sous nos yeux ? La grande force de ce livre est qu’il engage véritablement la conversation sur tous ces sujets, tout en proposant des pistes de réflexion, concernant notamment la réforme d’un système scolaire trop normatif qui gomme les singularités et reste sourd aux besoins de chacun. Tessae, comme le Dr Laelia Benoit, qui a postfacé le livre, insiste sur l’importance de rétablir un climat de confiance, de redonner à l’enfant sa place, de le considérer et de le valoriser. Tout cela repose aussi sur la création d’un dialogue serein et permanent entre parents, enseignants et médecins…ce qui suppose du temps et des moyens dont les encadrants manquent cruellement…une réalité dont le livre se fait aussi l’écho.
Mais Frôler les murs n’est en rien misérabiliste…bien au contraire. Le livre est plein d’espoir et d’optimisme. Portée par sa passion pour la musique, soutenue par sa famille et accompagnée par des médecins bienveillants, Tessae a su transcender ses souffrances et en faire une force créatrice. Elle sait bien que ses angoisses sont toujours là, tapies au plus profond d’elle-même, prêtes à ressurgir à chaque instant, mais elle sait aussi que derrière ce voile d’ombre se cache la lumière. Et de cette certitude, elle a fait un mantra : ne frôlez plus les murs, osez demander de l’aide et ne réprimez plus vos peurs et angoisses car elles sont votre plus grande force.
Juliette Courtois