1991. Deux ans après la chute du Mur de Berlin, Jean-Christophe Rufin publie L'Empire et les nouveaux barbares. Au credo sur la globalisation et le nouvel ordre mondial, il oppose le risque d'une nouvelle fracture planétaire. Il annonce qu'au face-à-face Est-Ouest menace de succéder un ordre mondial comparable à celui qui prévalait dans l'Antiquité, en particulier pendant l'Empire romain. D'un côté « nous », le Nord, qui représente l'Empire, concentre les richesses, la puissance, fixe la norme et dit le droit ; en face « les autres », le Sud, hétérogène, auquel serait dévolu le rôle des « barbares », forces à la fois marginalisées et potentiellement hostiles, rejetées de l'autre côté d'un limes qui permettrait de les tenir à distance. Or, l'illusion, prévenait Jean-Christophe Rufin, était précisément de croire que la misère, le chaos et les conflits pourraient être durablement tenus en lisière de cet ordre inégal.
2001. Dix ans après la première édition, contre Fukuyama et l'optimisme de la fin de l'Histoire, contre Huntington et le cynisme du Choc des civilisations, les attentats du 11 septembre et la guerre qui leur fait suite confirment les thèses et les craintes de ce livre. L'Empire et les nouveaux barbares énonce avec une particulière clarté la nouvelle et complémentaire exigence de justice et de sécurité.
En cela, il se révèle être un livre majeur, visionnaire, prémonitoire du siècle qui s'ouvre.
En voici la nouvelle édition revue et augmentée d'une préface et d'une postface inédites mettant en perspective la décennie écoulée, le tournant de septembre 2001 et les grandes questions de demain.